Alfred Amédée Dodds, né à St-Louis du Sénégal le 6 février 1842, mort à Paris le 18 juillet 1922, est un général français. Commandant supérieur des troupes françaises au Sénégal à partir de 1890, il mène la campagne du Dahomey entre 1892 et 1894. Proche des radicaux français, Alfred Dodds dut sa nomination comme chef d’expédition à l’initiative personnelle de Clemenceau, nomination qui entraîna la démission du ministre de la Marine Godefroy Cavaignac.
(Source: Wikipedia
Photo: Ogereau).
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Le contexte
A la mort de son père le roi Glélé en 1889, Kondo, qui régnera sous le nom de Béhanzin, tente d’abord de remettre en cause un traité signé par son père. Il s’agit pour lui de récupérer le territoire de Koutonou (l’actuelle ville de Cotonou). Rapidement, celui qu’on appellera plus tard le Vercingétorix noir comprend qu’il doit se préparer à la guerre contre les Français. Le 4 mars, Béhanzin envoie des troupes contre Koutonou. L’attaque est repoussée. Le 19 avril, à la tête d’une armée de plusieurs milliers d’hommes, il encercle Porto Novo et lance un assaut particulièrement sanglant qui échoue.
On doit à l’un des otages français capturés à Ouidah (1) peu après cet échec cette description du résistant : «Il a quarante ans environ; c’est un Nègre admirable, bien pris, quoique de taille moyenne. La figure est ouverte,
intelligente, le regard franc et droit.» (Encyclopaedia Universalis). Béhanzin conditionnera la libération des otages à des négociations avec des représentants de la France. Un accord est signé à Ouidah le 30 octobre 1890. Il reconnaît à la France le protectorat sur Porto-Novo, moyennant une rente annuelle. Le traité est à peine signé que la France et le royaume d’Abomey (2) se préparent à une nouvelle guerre.
Le 9 août 1892, le commandant des forces françaises, le général de brigade Dodds, dispose de 3584 hommes dont 1769 Africains (3). Le 23 août, il reçoit un renfort composé de 800 légionnaires, 2 escadrons de spahis et un détachement du génie (4). En face de ce corps expéditionnaire puissamment armé, Béhanzin dispose de 15000 hommes et de 4000 amazones armés de machettes et de fusils. Le général Dodds attend que la Flotte française établisse un blocus destiné à mettre fin au trafic d’armes qui a permis à Béhanzin de moderniser quelque peu son armée. Puis, après avoir repoussé les forces de Béhanzin à Dogba, il franchit le fleuve Ouémé et envahit le Dahomey. Les combats deviennent de plus en plus âpres.
Le 4 novembre, Béhanzin jette toutes ses forces dans une dernière bataille. Son armée va être presque totalement détruite : 4000 morts et 8000 blessés (Encyclopaedia Universalis). Le 16, Dodds entre dans Abomey en flammes. Béhanzin tente alors de négocier mais, devant l’intransigeance des Français, il reprend la lutte. Il se livrera en janvier 1894. «Déporté à la Martinique, puis en Algérie, il meurt à Blida, le 10 décembre 1906, sans jamais avoir été autorisé à revoir sa patrie. En avril 1928, sa dépouille sera solennellement inhumée à Djimé, son pays natal» (Encyclopaedia Universalis).
Les amazones
Un ancien otage français, Edmond Chaudoin, les décrira ainsi dans ‘‘Trois mois de captivité au Dahomey’’: «Elles sont là, 4000 guerrières, les 4000 vierges noires du Dahomey, gardes du corps du monarque, immobiles aussi sous leurs chemises de guerre, le fusil et le
couteau au poing, prêtes à bondir sur un signal du Maître. Vieilles ou jeunes, laides ou jolies, elles sont merveilleuses à contempler. Aussi solidement musclées que les guerriers noirs, leur attitude est aussi disciplinée et aussi correcte, alignées, comme au cordeau» (cité par Wikipedia).
L’histoire des amazones du Dahomey remonte au règne d’Aho Houegbadja (1645-1685). Ce roi, considéré comme le fondateur du royaume d’Abomey, avait créé un détachement de chasseresses d’éléphants qui constituait aussi sa garde personnelle. Devenu roi, son fils, Dossou Agadja, fera de ces chasseresses de véritables guerrières. Sur les champs de bataille, elles assurent la protection du roi, sacrifiant
leur vie sans la moindre hésitation. Le roi Ghézo, neuvième roi d’Abomey, les harangue ainsi : «Quand vous allez en guerre, si vous êtes faites prisonnières, vous serez sacrifiées et vos corps deviendront de la nourriture pour les charognards et les hyènes.». Et elles semblent lui répondre : «Nous sommes des hommes, non des femmes. Celles qui rentrent d’une guerre sans avoir conquis doivent mourir. Si nous battons en retraite, notre
vie est à la merci du roi. Quelle que soit la ville à attaquer, nous devons la conquérir ou nous enterrer nous-mêmes dans ses ruines. Guézo est le roi des rois. Tant qu’il vivra nous ne craindrons rien... Guézo nous a donné à nouveau le jour. Nous sommes ses femmes, ses filles, ses guerrières. La guerre est notre passe-temps, elle habille, elle nourrit...» (Wikipedia).
Les amazones du dahomey
la dernière bataille
Parce que le roi du Dahomey, Béhanzin (ou Gbêhanzin), razziait régulièrement Porto Novo, une ville de l’actuel Bénin placée alors sous protectorat français, la France décide, en 1892, d’en finir avec celui qu’elle accuse d’avoir violé les traités signés avec le grand-père et le père de Béhanzin, les rois Ghézo et Glélé.
Béhanzin, roi du Dahomey du 6 janvier 1890 au 15 janvier 1894 (date de sa
reddition). Le 30 mars, Béhanzin est déporté en Martinique où, avec sa famille et sa suite, il réside au Fort Tartenson. Il quitte la Martinique en 1906 et meurt d’une pneumonie à Blida, en Algérie. Il sera solennellement inhumé à Djimé, en 1928. Les troupiers l’appelaient «Bec en zinc». Son emblème personnel porte un œuf, un requin et deux cocotiers car son nom signifie «l’
œuf du Monde ou le Fils du Requin». (Photo : Alexandre L. d’Albéca – Texte de cette légende: Wikipedia).
Illustration : Historia n° 636 (décembre 1999).



NOTES
(1) Ouidah (l’ancienne Juda) est une ville du Bénin, située à 42 km de Cotonou. Elle a été, au XVIIIe siècle, l’un des principaux centres de vente et d’embarquement d'esclaves. – (2) Abomey : Cité-État du Dahomey («Danhomé» en langue fon) qui deviendra le royaume du Dahomey (qui se constitue à partir du milieu du XVIIe siècle. – (3) Historia, n° 636. Chiffres cités par Pierre Dufour dans son article intitulé «Le baroud d’honneur des Amazones du Dahomey». – (4) Encyclopaedia Universalis. Je n’ai pas pu déterminer si Pierre Dufour a inclus ces renforts dans ses chiffres... – (5) Mino : «Nos Mères» en langue fon (Wikipedia). C’est ainsi que les guerriers du Dahomey appellent les Amazones. Pierre Dufour précise que les Fons les appelaient aussi l’Agoledjié, les femmes de guerre du roi». – (6) Le baroud d’honneur des Amazones du Dahomey (Pierre Dufour). – (7) Cité par Pierre Dufour dans Le baroud d’honneur des Amazones du Dahomey. – (8) Pierre Dufour, Le baroud d’honneur des Amazones du Dahomey (Historia n° 636, décembre 1999).














Les troupes coloniales de Dodds savent que – outre les troupes masculines de Béhanzin – elles devront affronter les «Mino» (5), la garde féminine du roi. Les troupiers sont persuadés qu’ils vont faire une promenade de santé. Pourtant, des voyageurs ont décrit les «Mino» comme des créatures particulièrement redoutables. Constituées en bataillon, elles sont classées en cinq catégories de combattantes : les «Agbaraya», armées de vieux tromblons qui leur valent le surnom d’espingolières, les «Gbeto»
, chasseresses d’éléphants, les «Nyckphehthentok», armées de gigantesques rasoirs, les «Galamentoh», armées de fusils modernes, et les archères aux flèches empoisonnées ((‘‘Le baroud d’honneur des amazones du Dahomey’’, Pierre Dufour).
En 1894, un ancien officier du corps expéditionnaire, le capitaine Jouvelet, leur rendra un hommage appuyé: «Elles sont armées de coupe-coupes à deux tranchants et de carabines Winchester. Ces amazones font des prodiges de valeur; elles viennent se faire tuer à trente mètres de nos carrés...».
Le 14 septembre 1892, les troupes coloniales s’installent à Dogba. Le matin du 19, les «Mino» les attaquent. La surprise est énorme pour les Français. Des légionnaires témoignent : «Ces guerrières combattent avec une extrême vaillance, toujours en avant des autres troupes, qu’elles excitent au combat par leur courage et leur indomptable audace» (6). Les combats sont meurtriers. Le commandant Faurax, chef du bataillon de la Légion, est tué, ainsi que 45 soldats. Quant aux Dahoméens, ils abandonnent sur le champ de bataille 823 morts. La colonne reprend sa marche vers Abomey. Au gué de Tohoué, elle se heurte aux guerriers de Béhanzin, que renforcent les «Mino»: des corps à corps sanglants opposent les légionnaires armés de baïonnettes aux terribles sabres de ces femmes qui se battent, témoignera un légionnaire, comme de véritables furies. Soutenue par des canonnières qui ont remonté l’Ouémé, l’infanterie française donne l’assaut. L’artillerie et les fusils Lebel déciment les rangs des Dahoméens, parmi lesquels, témoigne de nouveau le capitaine Jouvelet, «on constate la présence d’un nombreux corps d’amazones, reconnaissables à leurs pagnes bleus et leurs bonnets rouges [...]». Elles «font des prodiges de valeur; elles viennent se faire tuer à 30 mètres de nos carrés, quand le combat prend le caractère du corps à corps, ce qui est arrivé deux ou trois fois pendant cette lutte homérique» (7).
Les Dahoméens finissent par se disperser sous la mitraille. Mais il ne s’agit que d’une retraite. Béhanzin regroupe ses forces dans le camp fortifié de Poguessa. Le 6 octobre, les tirailleurs de la Légion Étrangère attaquent la position. La compagnie Bellamy, constituée de tirailleurs sénégalais, subit la contre-attaque des amazones. Le combat, acharné, durera jusqu’au soir.
«Le lendemain, les marsouins découvriront les corps atrocements mutilés des retardataires d’un escadron de spahis sénégalais qui avaient été contraints à la retraite. Les guerrières leur ont arraché et mangé le cœur...» (8). A la mi-journée, ce qui reste de l’armée de Béhanzin se retire vers l’ouest. Mais les troupes françaises sont encore loin d’avoir gagné: tout au long de leur difficile progression vers Abomey, elles subissent chaque jour
des embuscades si meurtrières que lorsqu’elles arrivent enfin à Abomey – que Béhanzin a incendiée – Dodds ne dispose plus que de 63 officiers et 1 700 hommes valides.
Béhanzin s’est enfui au Togo avec ses derniers fidèles. Il finira par se rendre, en 1894, et devra s’exiler. Quant au corps des amazones, il sera dissout après la défaite du royaume d’Abomey par le successeur de Béhanzin, Agoli Agbo.
– The End –

