INTERVIEW
► Martin Edenik: Bonjour, Claude! Quel matériel emmenez-vous quand vous partez en reportage?
► Claude Bencimon: Bonjour, Martin! Cela dépend bien sûr du thème du jour mais, en général, j’éprouve les plus grandes difficultés à ne pas emmener le maximum, c’est-à-dire, deux boîtiers, et, pour aller avec, un fisheye 15 mm, un 50 mm f1.4, un zoom 16/35 f2.8,
un zoom 70/200 f2.8, et un gros flash, que j’utilise finalement très peu, et un trépied pour les poses longues. Le soir, mes épaules pleurent...
► Martin Edenik: De retour dans votre atelier, quel traitement faites-vous subir
à votre moisson photographique? Et en quoi consiste le HDR?
► Claude Bencimon: On me pose souvent la question, mais ce n’est jamais pareil. C’est une histoire de ressenti à un moment donné. En pratique, j’utilise uniquement Photoshop, et délaisse de plus en plus les autres logiciels, Olonéo, Photomatix, logiciels quasiment et seulement utiles pour le rendu HDR. Le HDR est une technique photo qui permet d’augmenter la dynamique en récupérant le meilleur des parties claires et sombres d’une image...
► Martin Edenik: Parmi les différentes thématiques que vous explorez, l’univers du tatouage représente-t-il pour vous quelque chose de spécial?
► Claude Bencimon: Pas vraiment, mais j’adore ce milieu rempli de personnes qui ne se prennent pas la tête, souvent de grands passionnés avec, peut-être, une âme d’enfant, abordables, et, surtout, qui sortent du moule...
claude
bencimon
un maître de la couleur
Claude Bencimon est un photographe reconnu comme l’un des grands spécialistes français du HDR (High Dynamic Range). Un technicien hors pair, un «œil», comme on dit, mais pas seulement. Il est aussi un homme de terrain qui avoue
volontiers que les studios ne l’attirent pas particulièrement.
L’une de ses grandes passions est l’univers du tatouage; il en a ramené des moissons d’images extraordinaires par l’intensité de leurs couleurs et l’intérêt de leurs sujets. L’impression qui s’impose d’emblée en découvrant son travail est qu’il a réinventé la couleur. Quant à ses portraits, ils sont, là encore, extraordinaires. Tatoueurs «illustrés» au moins autant que leurs clients, messieurs au look de Hells Angels ou d’Indiens mâtinés de néo-punk, pin-up un brin allumées et follement sexy... Claude Bencimon nous montre que notre monde n’est pas tout gris et pas entièrement dénué de fantaisie...
► Martin Edenik: Quel conseil donneriez-vous à un débutant qui ambitionnerait de marcher dans vos pas?
► Claude Bencimon: Ne pas hésiter à aller vers les gens, mais toujours rester humble et se dire que l’on peut toujours mieux faire...
► Martin Edenik: En quels lieux, et dans quels genres de manifestations,
rencontrez-vous ces personnages incroyables?
► Claude Bencimon : Partout en fait. Çà peut être dans la rue, des concentrations de bikers, des conventions tattoos, je prends ce qui vient, je suis un boulimique de la photo
(rire).
► Martin Edenik: Certains de vos «modèles» jouent avec une évidente jubilation devant votre objectif. Vous les drivez, ou bien c’est spontané?
► Claude Bencimon: Alors, comme il m’arrive souvent de faire des portraits au fisheye, sortes de caricatures en fait,
ils sont souvent déboussolés de prime abord, puis, en voyant le résultat, se marrent et après, tout devient plus simple. Dans la rue, c’est moins évident et je travaille plus au téléobjectif, de la photo volée mais plus nature et qui garantit une vraie authenticité.