INTERVIEW
► Martin Edenik: Bonjour Laurence! Vous définissez-vous réellement comme une artiste «singulière», ou bien vous sentez-vous à l’étroit dans cette case dans laquelle on vous a rangée?
► Laurence Bonnet: Je me définis complètement en tant qu’artiste «singulière» ou bien «outsider» qui, par définition, est un art thérapeutique pour moi, car je laisse passer les messages de mon inconscient, de
mes expériences de vie positives et aussi négatives, mais je ne déverse pas un message s’il n’est pas le fruit d’une longue maturation. Donc, même dans les peintures plus tourmentées, l’essence en est positive.
► Martin Edenik: Certains de vos tableaux, notamment ‘‘la Planète Mars’’, nous ont surpris par la quantité d’informations qu’ils contiennent. Vous semble-t-il exagéré de dire qu’ils constituent des messages?
► Laurence Bonnet: Non, tout à fait! Il contient une grande quantité de messages souvent d’origine spirituelle. Il suffit d’analyser chaque symbole; il est très riche et contient, pour moi, un lien avec le Cosmos.
► Martin Edenik: Vos tableaux expriment-ils de la souffrance? Et, si oui, acceptez-vous de l’évoquer?
► Laurence Bonnet: Oui, mes tableaux contiennent de la souffrance et les portes
que j’ai réussi à ouvrir. Comme ‘‘l’Ange noir’’, par exemple, symbole de l’Ange déchu.
► Martin Edenik: Vous utilisez diverses techniques: encre, peinture au couteau, marouflage...
Avec un plaisir égal, ou bien avez-vous une préférence?
► Laurence Bonnet: J’utilise toutes ces techniques avec un plaisir différent, car je n’exprime pas la même chose sur mes huiles, qui sont travaillées aux couteaux, les formes et les sujets sont simplifiés, car je veux attirer l’attention sur l’unité, qui est la synthèse de toute une complexité alors que, à travers le trait (les aquarelles), je décortique cette unité.
► Martin Edenik: Vous avez fréquenté l’École du Louvre et l’École Franco-Américaine de stylisme. Ce furent de bonnes années?
► Laurence Bonnet: Oui, ce furent de très bonnes années, car j’avais l’impression de pouvoir me découvrir à travers cet apprentissage.
► Martin Edenik: Comment se déroulent vos journées de création? Fonctionnez-vous à l’humeur ou bien avez-vous des techniques pour vous mettre dans le «trip»? Combien de temps vous faut-il, en général, pour achever une toile?
► Laurence Bonnet: Ma créativité fonctionne avec le «lâcher prise». Dans le silence je suis très inspirée. Je n’ai pas de temps pour terminer une toile: elle peut être finie en une journée ou bien nécessiter deux années...
► Martin Edenik: Vous avez exposé en des lieux particulièrement intéressants, comme la Halle Saint-Pierre, à Paris. Avez-vous d’autres projets d’expos pour la fin 2012 et 2013?
► Laurence Bonnet: Pour l’instant, je continue à exposer à la Halle Saint-Pierre et chez Carré d’artistes. Je n’aime pas la quantité et je choisis la qualité.
► Martin Edenik: Quels artistes vous ont influencée?
► Laurence Bonnet: Les artistes qui m’ont le plus marquée: Marc Chagall et Dubuffet.
► Martin Edenik: Deux choses que vous adorez, dans la vie ou dans l’Art? Et leurs contraires?
► Laurence Bonnet: Dans la vie comme dans l’Art, j’aime la sincérité, rester soi-même et je déteste leurs contraires.
► Martin Edenik: Quel sera votre mot de la fin?
► Laurence Bonnet: Mon mot de la fin? Il n’y a pas de fin...
– The End –
Dans ‘‘la Planète Mars’’, par exemple, un ange trop sombre et ricanant pour être honnête observe, caché derrière un nuage en forme de profil humain (un masque?) deux fillettes qu’entourent des personnages moins inquiétants, mais tout aussi voyeurs, comme cet arbre ou cette fleur bipède. Parfois, même, ces personnages sont ambigus, comme cet oiseau et ce quadrupède qui semblent sur le point de s’embrasser comme deux amants. Le travail de Laurence Bonnet est fait de toute une grammaire qu’il serait passionnant de décrypter avec d’autres codes. A vous d’en juger, chers visiteurs, grâce à l’interview que nous a accordée cette artiste complexe, «singulière» en effet, et ô combien talentueuse !