INTERVIEW
► Martin Edenik: Bonjour Leahh! Depuis combien de temps êtes-vous modèle, et comment l’êtes-vous devenue?
► Leahh: Bonjour Martin! Je suis modèle depuis environ quatre ans, et j’ai débuté avec mon copain, Bob Palmer. Nous nous sommes passionnés pour le latex, et c’est quand j’ai commencé à publier mes photos dans le site Model Mayhem, que d’autres photographes m’ont proposé d’autres photoshoots, et à aborder des points de vue différents à chaque fois. C’est l’un des côtés fascinants de ce passe-temps...
► Martin Edenik: Vous posez dans diverses thématiques, depuis le fetish et l’alternatif jusqu’au nu, en passant par la mode et la beauté. Auquel de ces différents styles va votre préférence?
► Leahh: J’éprouve une très grande préférence pour la photo sophistiquée, glamour, où je porte du latex. Le latex est vraiment ce qui me met le plus à l’aise. Je trouve le nu intéressant, mais je n’ai rencontré pour l’instant qu’un seul photographe (Michel Castellani) qui ait été à la hauteur de mes attentes. Je ne me sens absolument pas nue sur ses photos, le
noir et blanc est puissant...
► Martin Edenik: Vous confiez volontiers que vous adorez «qu’on s’amuse à s’inventer une personne qui n’existe pas vraiment». Vous sentez-vous un peu comédienne? Qu’est-ce qui vous amuse dans ce jeu où vous vous rêvez «autre»? Le rêve vous aide-t-il à vivre?
► Leahh: La réalité m’angoisse terriblement. Me dire que ma vie ne se limite qu’à ce que je suis socialement me donne presque envie de pleurer. Je suis une
immense fan de science-fiction, et fan obsessionnelle de la série «X-files». Comédienne? Peut-être... J’ai dejà fait du théâtre, mais j’ai été plutôt déçue. Je préfère largement le cinéma au théâtre même si, dans les deux cas, il s’agit bien sûr de «jouer». Mais le cinéma, par tous les moyens de post-production permet une meilleure évasion. J’aime «mentir» dans le sens où j’aime faire croire que je suis ce que les gens voient. C’est une idée qui vous semblera peut-être très banale, mais puisque vous me demandez si le fantasme m’aide à vivre, je vais répondre: «oui absolument!» (Le fantasme, sans forcément y mettre la dimension sexuelle, loin de là!)
► Martin Edenik: Vous confiez, parfois, que la Photo vous permet «de gagner un peu de confiance en vous». Comme une sorte de thérapie?
► Leahh: Je pense que la photo pourrait être un très bon médicament pour tout le monde. Je n’ai jamais été «la» meneuse, «la» Miss Truc, «la» leader. Nulle part. La compétition m’ennuie au possible. Je n’ai pas eu une enfance très rose. Si je pouvais donner un nom à cette thérapie, ce serait celle de la fuite...
► Martin Edenik: Vous aimez le bizarre, les gens en marge. Une autre manière d’échapper à l’ennui de la société actuelle?
► Leahh: Oui, le bizarre, et Die Antwoord, un groupe de musique sud-africain
inclassable, en est l’exemple parfait! L’inexplicable beauté du «beau moche», du «moche beau», etc. Je risquerais d’être très confuse si j’en parlais davantage, car le subjectif, parfois, est trop fort...
► Martin Edenik: Votre plus beau souvenir en matière de shooting? Et le pire?
► Leahh: Mon plus beau shooting? Dur à dire... Je pense que les shootings où je suis complètement à l’aise sont vraiment ceux que je fais avec mon copain, Bob Palmer. On réfléchit tous les deux à la direction artistique du shooting. Ça peut nous prendre n’importe quand sur n’importe quoi. Pas besoin de nous déplacer: nous réalisons nos shoots dans notre appartement. Il y a une sorte de connexion vraiment très agréable qui facilite beaucoup de choses. Nous nous connaissons depuis plus de six
ans, et nous n’avons parfois même pas besoin de dire clairement les choses pour nous comprendre. Mais je ne
nierai pas que beaucoup de photographes sont très sympathiques et très talentueux, comme Simon Lagoarde, par exemple. Je fais tout pour éviter les mauvais shootings. Je sais que ce n’est pas facile, mais je reste très sélective: j’examine toujours avec le plus grand soin le portfolio des photographes. Ainsi, je n’ai jamais rencontré de photographes vicieux ou, du moins, correspondant au cliché du photographe pervers.
► Martin Edenik: Votre métier de graphiste vous aide-t-il dans votre activité de modèle?
► Leahh: Oui, beaucoup! Car je sais maîtriser Photoshop, et je peux parfois retoucher mes propres photos, même si j’ai encore énormément à apprendre. Le graphisme m’aide aussi, pour les concepts, à mettre en image. J’aime me projeter dans une photo (pas forcément les miennes, bien sûr) et me dire que «j’aimerais vivre dans ce petit monde»... Les univers/décors du photographe californien Aaron Hawks, par exemple, me fascinent
tellement! Ou bien le petit monde de la photographe Alyz, avec qui j’ai eu l’immense chance de shooter... Ces artistes (parmi d’autres que je ne peux, hélas, tous citer) sont des personnes qui réussissent à rendre la réalité plus supportable....
► Martin Edenik: Y a-t-il un sujet particulier que vous aimeriez aborder?
► Leahh: Je ne sais pas si je réponds vraiment à la question, mais mon grand rêve est de shooter en piscine: le principe du corps retenu par l’eau, la texture de la peau modifiée par l’eau...
► Martin Edenik: Deux personnes que vous appréciez sans avoir eu jamais l’occasion de le leur dire:
► Leahh: David Lynch, Giger.
► Martin Edenik: Quel sera votre mot de la fin?
► Leahh: The truth is out there (*)...
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(*) La vérité est ailleurs.
