Un plasticien auteur de sculptures monumentales, qui fonda en 1999 la Demeure du
Chaos, à Saint-Romain-au-Mont-d’Or, dans le Rhône. Un homme de culture, un mystique qui étudia à la Faculté de théologie de Lyon. Un provocateur pour certains, un empêcheur de «réglementer en rond» qui bataille contre une Administration qui mesure tout à l’aune de sa médiocrité. Un artiste qui tente de se faire entendre de la Justice... Voici quelques éléments d’informations glanés en divers lieux du Web (et rewrités, bien sûr).
Thierry Ehrmann est né en Avignon le 13 mars 1962. Après avoir étudié sous la férule d’un précepteur dominicain, il passe un baccalauréat de philosophie en candidat libre, puis entreprend des études de droit qui feront de lui, écrit Jean-Jacques Bozonnet, du ‘‘Monde’’, «un féroce procédurier». «Solitaire et taciturne», écrit encore J.-J. Bozonnet, «adolescent, il se croit fou» mais sera «sauvé par un psychiatre» qui deviendra son ami.
Propriétaire du Domaine de la Source, qui abrite sa Demeure du Chaos, ainsi que d’un îlot à Bora-Bora, Thierry Ehmann avoue (un peu avant le passage à l’Euro) une fortune personnelle qu’il évalue à près de 900 millions de francs (cf. J.-J. Bozonnet).
En 1987, il fonde le groupe Serveur et Artprice puis, en 1995, le Serveur
Judiciaire. C’est en 1999 qu’il crée la Demeure du Chaos (dite parfois DDC), qui accueillera sa Borderline Biennale. Enfin, en 2002, il ouvre à Lyon un musée privé, L’Organe, où il compte exposer son immense collection de photographies et où, plus tard, il prévoit d’implanter les diverses structures du groupe Serveur.
Personnalité charismatique et complexe, Thierry Ehrmann est l’un des artistes les plus importants de l’époque. Le ‘‘New York Times’’ lui consacrera d’ailleurs plusieurs articles dont l’un décrira la Demeure du Chaos comme «l’une des aventures artistiques les plus fortes du XXIe siècle»(*).
La Demeure du Chaos menacée
La propriété était, à l’origine, un temple protestant. Elle fera aussi office de relais de poste, au
XVIIIe siècle.
Située sur le territoire de Saint-Romain-au-Mont-d’Or, elle est soumise à l’autorisation de l’Architecte des bâtiments de France en raison de l’ancienneté de son patrimoine architectural. C’est peu de dire que Thierry Ehrmann a pris des risques en créant sa DDC au cœur de ce village protégé car, en dépit de son importance artistique – reconnue aussi bien en France qu’à l’étranger –, ce visionnaire a sans doute dérangé quelques notables locaux: ces gens-là se sentent souvent propriétaires de leur région et, à ce titre, considèrent trop souvent qu’eux seuls sont à même de décider. Et puis, nous sommes à la campagne: l’esprit n’y souffle pas forcément. La nouveauté y est rarement acceptée de bon gré, alors, une apocalypse artistique...
Sans entrer dans le détail des procès intentés à Thierry Ehrmann par le maire de Saint-Romain-au-Mont-d’Or et un collectif de voisins qui ne représente évidemment pas l’ensemble des avis des riverains voici, en gros, ce que l’artiste a dû subir:
– 2004: Le maire de Saint-Romain-au-Mont-d’Or, Pierre Dumont, porte plainte pour non-respect des règles d’urbanisme, et invoque «le mécontentement des habitants du village».
– 16 février 2006: Thierry Ehrmann est condamné à remettre sa propriété dans son état initial sous peine d’une astreinte de 75 euros par jour.
– 3 septembre 2006: La Cour d’appel de Lyon condamne Thierry Ehrmann à une amende de 200000 euros pour «absence de déclaration préalable d’une œuvre supérieure à 40 mètres cubes», sans obligation de restituer les façades dans leur état d’origine. Si cette décision de justice, souligne le non-respect des règles de l’urbanisme par Thierry Ehrmann, elle reconnaît également que la Demeure du chaos est indiscutablement une œuvre d’art, et la protége en n’imposant ni sa destruction, ni sa modification. (Wikipedia, liens en fin d’article).
L’œuvre de Thierry Ehrmann
Auteur de la Demeure du Chaos à Saint-Romain-au-Mont-d’Or, dans le Rhône, il a créé la Borderline Bienniale de la DDC. Il est le co-auteur de la sculpture
monumentale le ‘‘Bunker de la Demeure du Chaos’’ pour l’exposition triennale La Force de l’Art, au Grand Palais à Paris. Il est l’auteur des sculptures monumentales ‘‘Ground zéro’’, ‘‘Overground I’’ et ‘‘II’’, ‘‘Peak Oil’’, ‘‘les Porteurs de cendre’’, entre autres exposées à la Demeure du Chaos. Aurélien Bellanger le décrit comme un personnage luciferien.
Durant ces neuf dernières années, je n’ai eu de cesse, durant mes nuits vertigineuses, seul contre tous, de penser qu’à 100 kilomètres, un siècle plus tôt, un homme avait vécu les mêmes souffrances mais possédait comme moi la foi des bâtisseurs de cathédrales. A sa phrase «La vie sans but est une chimère. Où le songe devient la réalité», j’ai moi-même peint en réponse plus tard «Il faut explorer l’utopie, le rêve est réalité» sur la façade principale de La Demeure du Chaos. J’ai eu le bonheur de découvrir dans l’ouvrage «Avec le Facteur Cheval» de 2007, édité par le Musée de la Poste Paris et l’école Nationale Supérieure des Beaux Arts, dans le chapitre «Cheval et ses poulains» en page 18 : «Du pasatiempo de Bentazos, de l’Espagnol Juan Garcia Naveira, commenté en 1893, à la Cathédrale du Vent de Linard, et à la Forge de Florence Maire, en passant par les maisons de Picassiette et de
Tatin, le Village d’art préludien de Chomo, la ferme d’Arthur Vanabelle, la Demeure du Chaos de Thierry Ehrmann, baptisé le facteur Cheval du XXIe siècle.»
